Voici un extrait de l’article publié dans “la gazette des communes” qui résume bien la situation des lauréats du concours de sapeurs pompiers professionnels 2013. Bonne lecture…
Organisé en collectif, la promotion 2013 du concours de sapeurs-pompiers professionnels fait monter la pression en appelant les volontaires à faire une grève des gardes postées, et menacent de s’inviter au 122ème congrès des sapeurs pompiers de septembre 2015. Trop de places ouvertes, recours de plus en plus important aux pompiers volontaires pour les gardes postées, embauches d’emplois d’avenir seraient à l’origine de cette situation.
Cet article est paru dans Le Club Prévention Sécurité
La colère monte chez les lauréats du concours de sapeur pompier professionnel (SPP) non officier de mai 2013. Ils estiment que, deux ans après, 2 300 d’entre eux n’ont toujours pas réussi à trouver de poste. Ce n’est pas la première fois que des lauréats peinent à se faire embaucher, mais les réseaux sociaux leurs permettent de se fédérer et faire savoir leur mécontentement.
Ils se sont réuni dans un collectif sur Facebook, communiquent très régulièrement via Twitter. Dernièrement, ils ont appelé tous les sapeurs pompiers volontaires titulaires d’un des concours de SPP et leurs sympathisants à faire la grève des gardes du 13 avril au 22 mai 2015.
Ils se sont réuni dans un collectif sur Facebook, communiquent très régulièrement via Twitter. Dernièrement, ils ont appelé tous les sapeurs pompiers volontaires titulaires d’un des concours de SPP et leurs sympathisants à faire la grève des gardes du 13 avril au 22 mai 2015.
Autre action : ils menacent de s’inviter au 122ème Congrès des sapeurs pompiers qui aura lieu à Agen du 23 au 26 septembre 2015.
« Déjà par le passé, des lauréats ne trouvaient pas de poste mais ce phénomène à tendance à s’amplifier avec le temps », constate André Goretti, président de la Fédération autonome SPP-PATS, qui avait intégré le sujet dans son action de 10 mars. Même si avoir le concours ne signifie pas avoir automatiquement un poste, les lauréats ont l’impression d’avoir été dupés, tant il semble y avoir un décalage entre le nombre de candidats reçus et le nombre de recrutements effectifs.
« Déjà par le passé, des lauréats ne trouvaient pas de poste mais ce phénomène à tendance à s’amplifier avec le temps », constate André Goretti, président de la Fédération autonome SPP-PATS, qui avait intégré le sujet dans son action de 10 mars. Même si avoir le concours ne signifie pas avoir automatiquement un poste, les lauréats ont l’impression d’avoir été dupés, tant il semble y avoir un décalage entre le nombre de candidats reçus et le nombre de recrutements effectifs.
« Vendre du rêve » pour « Acheter la paix sociale »
« Jusqu’à 25 ans, on fait miroiter aux volontaires qu’ils pourront devenir sapeurs-pompiers professionnels. Quand on ouvre 3000 postes, tous pensent qu’ils vont être embauchés. C’est un moyen d’acheter la paix pendant qu’ils préparent leur concours puis qu’ils espèrent avoir un poste », constate amèrement Patrice Beunard, président du SNSPP-PATS.
« Ce qui est moche, c’est de vendre du rêve. Un lauréat met sa vie privée entre parenthèse, car il doit pouvoir aller faire des entretiens à travers a France et être disponible rapidement. C’est une attente destructurante »,confirme Sébastien Delavoux, secrétaire général du Collectif CGT des SDIS.
« Ce qui est moche, c’est de vendre du rêve. Un lauréat met sa vie privée entre parenthèse, car il doit pouvoir aller faire des entretiens à travers a France et être disponible rapidement. C’est une attente destructurante »,confirme Sébastien Delavoux, secrétaire général du Collectif CGT des SDIS.
Grand flou sur les chiffres
Le collectif et certains syndicats (comme Sud SDIS et la Fédération autonome) annoncent 2 300 ou 2 400 lauréats qui seraient en attente d’un poste, sans préciser comment ils ont réussi à calculer ce chiffre. Au ministère de l’Intérieur, la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) reconnaît ne pas avoir le nombre de lauréats au concours des non officier et bien sûr encore moins le nombre de ceux qui cherchent toujours un poste.
Le collectif CGT SDIS a, lui, envoyé début février un courrier auprès de laDGSCGC pour obtenir ces chiffres. « Les concours sont organisés par zone et il n’y a pas de collecte des chiffres au niveau national » explique Sébastien Delavoux.
Les SDIS organisateurs gardent jalousement leur liste de lauréats et ne souhaitent rendre le moins de comptes possible au ministère qui ne participe au financement de leur fonctionnement qu’à hauteur de 2%. Les seuls chiffres qu’a pu nous donner la DGSCGC, concernent le concours 2009. A l’époque, 2 390 postes avaient été ouverts pour 12 300 candidats. Seule une dizaine de SDIS étaient organisateurs ou co-organisateurs de ce concours.
Si le chiffre de 2 300 ou 2 400 lauréats en attente est impossible à vérifier, sauf à appeler les 101 SDIS et obtenir leurs chiffres, la CGT et le SNSPP-PATS s’accordent à dire que plusieurs centaines de personnes sont concernées.
Le collectif CGT SDIS a, lui, envoyé début février un courrier auprès de laDGSCGC pour obtenir ces chiffres. « Les concours sont organisés par zone et il n’y a pas de collecte des chiffres au niveau national » explique Sébastien Delavoux.
Les SDIS organisateurs gardent jalousement leur liste de lauréats et ne souhaitent rendre le moins de comptes possible au ministère qui ne participe au financement de leur fonctionnement qu’à hauteur de 2%. Les seuls chiffres qu’a pu nous donner la DGSCGC, concernent le concours 2009. A l’époque, 2 390 postes avaient été ouverts pour 12 300 candidats. Seule une dizaine de SDIS étaient organisateurs ou co-organisateurs de ce concours.
Si le chiffre de 2 300 ou 2 400 lauréats en attente est impossible à vérifier, sauf à appeler les 101 SDIS et obtenir leurs chiffres, la CGT et le SNSPP-PATS s’accordent à dire que plusieurs centaines de personnes sont concernées.
Surestimation des besoins en recrutement
« Trop de SDIS ne respectent pas les engagements qu’ils ont pris, et trop de places ont été ouvertes. Pendant toute la période de pré-recrutement, certains exploitent les titulaires de concours qui sont également pompiers volontaires. On leur demande de donner énormément de leur temps sous prétexte qu’à la clé, il pourrait y avoir un poste de sapeur pompier professionnel », estime André Goretti.
En théorie, chaque SDIS remonte ses prévisions de recrutement pour les 3 ans à venir, ce qui permet de définir un nombre de lauréats. Les SDIS ensuite se partagent les frais d’organisation du concours au prorata du nombre de postes qu’ils ont planifiés.
« Si un SDIS prend plus de lauréats que ce qu’il avait prévu, où s’il recrute des lauréats d’autres zones, normalement il doit verser aux organisateurs une indemnité qui est en moyenne de 1500 € par recrutement », raconte Sébastien Delavoux.
Cependant, il semble que dans la pratique, ce code de bonne conduite ne soit pas respecté. Ainsi beaucoup de SDIS n’organisent pas de concours et vont ensuite se servir dans les lauréats des autres zones, sans compensations financières.
« Ce sont toujours les mêmes départements qui font des efforts pour organiser les concours et financer les formations. On peut citer notamment les départements d’Île-de-France, du Nord-Pas-de-Calais, le Rhône ou les Bouches-du-Rhône… Ils savent qu’ils ont intérêt à valider beaucoup plus de places que leurs besoins car d’autres SDIS vont se servir dans leur vivier. Ils peuvent valider 200 postes alors qu’ils n’en ont besoins que de 70, pour ne pas être obligés de réorganiser un concours trop rapidement », analyse Régis Vidal, secrétaire général de Sud SDIS.
Selon lui, en 2013, seule une vingtaine de SDIS ont organisé ou coorganisé le concours. « Cela veut dire qu’il y a 70 à 80 départements qui sans rien organiser ensuite vont aller piocher dans les listes d’aptitude »,souligne-t-il.
En théorie, chaque SDIS remonte ses prévisions de recrutement pour les 3 ans à venir, ce qui permet de définir un nombre de lauréats. Les SDIS ensuite se partagent les frais d’organisation du concours au prorata du nombre de postes qu’ils ont planifiés.
« Si un SDIS prend plus de lauréats que ce qu’il avait prévu, où s’il recrute des lauréats d’autres zones, normalement il doit verser aux organisateurs une indemnité qui est en moyenne de 1500 € par recrutement », raconte Sébastien Delavoux.
Cependant, il semble que dans la pratique, ce code de bonne conduite ne soit pas respecté. Ainsi beaucoup de SDIS n’organisent pas de concours et vont ensuite se servir dans les lauréats des autres zones, sans compensations financières.
« Ce sont toujours les mêmes départements qui font des efforts pour organiser les concours et financer les formations. On peut citer notamment les départements d’Île-de-France, du Nord-Pas-de-Calais, le Rhône ou les Bouches-du-Rhône… Ils savent qu’ils ont intérêt à valider beaucoup plus de places que leurs besoins car d’autres SDIS vont se servir dans leur vivier. Ils peuvent valider 200 postes alors qu’ils n’en ont besoins que de 70, pour ne pas être obligés de réorganiser un concours trop rapidement », analyse Régis Vidal, secrétaire général de Sud SDIS.
Selon lui, en 2013, seule une vingtaine de SDIS ont organisé ou coorganisé le concours. « Cela veut dire qu’il y a 70 à 80 départements qui sans rien organiser ensuite vont aller piocher dans les listes d’aptitude »,souligne-t-il.
Des départs en retraite décalés
Patrice Beunard estime qu’une part du décalage entre besoins réels et estimations peut également s’expliquer par le fait que les SDIS donnent des chiffres qui correspondent à leur souhait. Souhaits que les conseils généraux ne valident pas forcément ensuite dans le vote des budgets qui sont très serrés depuis quelques années.
La réforme de la filière a aussi contribué à retarder certains départs en retraite, et donc réduit le volume de recrutements. « Pour bénéficier de son avancement dans le calcul de sa retraite, il faut être au moins resté six mois dans son nouveau grade. Certains ont retardé leur départ de six mois à dix-huit mois. De plus, avec sur la loi sur les retraites, les départs ne sont plus à 55 mais à 57 ans. Cela a pu avoir un effet néfaste sur les recrutements », note Patrice Beunard.
La réforme de la filière a aussi contribué à retarder certains départs en retraite, et donc réduit le volume de recrutements. « Pour bénéficier de son avancement dans le calcul de sa retraite, il faut être au moins resté six mois dans son nouveau grade. Certains ont retardé leur départ de six mois à dix-huit mois. De plus, avec sur la loi sur les retraites, les départs ne sont plus à 55 mais à 57 ans. Cela a pu avoir un effet néfaste sur les recrutements », note Patrice Beunard.
Le recours aux pompiers volontaires et aux emplois d’avenir
Tous les syndicats s’accordent à dire que le recours accru aux volontaires pour les gardes postées et aux emplois d’avenir pour certaines tâches a des conséquences sur les recrutements de SPP et donc de lauréats du concours de 2013. Actuellement, il y a des volontaires qui travaillent à plein temps, dont d’ailleurs certains sont titulaires du concours.
« Financièrement, cela coûte beaucoup moins cher : il n’y a pas de charges sociales à verser, pas de problèmes d’absentéisme à gérer, la formation est moins importante dans la durée… De plus, il n’y a pas de un nombre d’heures maximal pour les volontaires contrairement aux SPP qui ne doivent pas dépasser 2256 h… Un emploi d’avenir quant à lui est rémunéré environ trois fois moins qu’un sapeurs-pompiers professionnels qui débute », résume André Goretti qui constate que certains SDIS remplacent les départs en retraite avec ce type d’emplois. Certains emplois d’avenir sont d’ailleurs eux aussi titulaires du concours et ont accepté en espérant mieux.
« Financièrement, cela coûte beaucoup moins cher : il n’y a pas de charges sociales à verser, pas de problèmes d’absentéisme à gérer, la formation est moins importante dans la durée… De plus, il n’y a pas de un nombre d’heures maximal pour les volontaires contrairement aux SPP qui ne doivent pas dépasser 2256 h… Un emploi d’avenir quant à lui est rémunéré environ trois fois moins qu’un sapeurs-pompiers professionnels qui débute », résume André Goretti qui constate que certains SDIS remplacent les départs en retraite avec ce type d’emplois. Certains emplois d’avenir sont d’ailleurs eux aussi titulaires du concours et ont accepté en espérant mieux.
Bloquer de nouvelles organisations de concours ?
Un concours est valable un an et peut-être prolongé deux fois un an. Cependant, tant qu’un nouveau n’est pas organisé, les listes d’aptitudes restent valides. La FNSPF a donc annoncé début mars avoir« sollicité la DGSCGC en vue d’une sensibilisation des directeurs départementaux […], en leur demandant de geler toute organisation de concours, pour permettre la prorogation de la validité de l’inscription des lauréats du concours de 2013 sur la liste d’aptitude, comme prévu par la loi. »
Cependant, Régis Vidal pointe du doigt une injustice pour les jeunes qui en mai 2013 n’avaient pas pu se présenter parce qu’ils n’avaient pas encore 18 ans, et qui seront pénalisés si les concours sont reportés. Par ailleurs « même si la liste d’aptitude est valable cinq ans, un candidat ayant eu son concours à 27 ans aura plus de mal à trouver un poste quand il aura 32 ans », estime Sébastien Delavoux.
Cependant, Régis Vidal pointe du doigt une injustice pour les jeunes qui en mai 2013 n’avaient pas pu se présenter parce qu’ils n’avaient pas encore 18 ans, et qui seront pénalisés si les concours sont reportés. Par ailleurs « même si la liste d’aptitude est valable cinq ans, un candidat ayant eu son concours à 27 ans aura plus de mal à trouver un poste quand il aura 32 ans », estime Sébastien Delavoux.
Remettre à plat l’organisation des concours
Sud SDIS a écrit un courrier au ministère pour que lors des prochains concours de non officiers, tous les SDIS participent financièrement à l’organisation. « Si les charges financières sont réparties équitablement il n’y aura plus d’abus. Il faut que tout le monde soit obligé de jouer le jeu », espère Régis Vidal.
Claire Chevrier